• Contact
  • +212(0)5.37.27.62.90/91
  • contact@artesnet.gov.ma

Le Pisé

Informations générales
Le Pisé
Contenu de la formation

Vidéo

Documents

Durée de la formation

00:59:05

Categorie cible

Tous les stagiaires.

Présentation
Historique du métier
Galerie

Technique millénaire déjà connu des Phéniciens, le pisé fait intégralement partie du paysage architectural du Maroc.

Apparemment rudimentaire, le pisé est en réalité très élaboré.

Il permet de construire différents types d’édifice, qu’il s’agisse de murailles, maisons, greniers collectifs ou ksour, avec de la terre crue et sans aucune pièce de soutien ni aucun mélange de paille ou de bourre.

Pour cela on branche, c'est à dire que l'on bat par couches successives, dans un coffrage de planches, de la terre préparée à cet effet. Ainsi battue, elle se lie, prend de la consistance, et forme une masse homogène qui peut être élevée à toutes les hauteurs et sur un, deux ou même trois niveaux pour les habitations.

Attesté déjà au Proche-Orient ancien, l’emploi de la terre comme matériau de construction est signalé dans l’antiquité, Vitruve, la mentionne comme matériau de couverture. En Afrique Pline l’ancien en note la présence,et souligne la robustesse du matériau « Que dirons-nous des murailles de pisé qu’on voit en Barbarie et en Espagne où elles sont appelées murailles de forme puisqu’on en forme la terre entre deux haies; cette terre ainsi pressée résiste à la pluie au vent et au feu. »

 Mais d’après André Jodin,le premier témoignage d’architecture de terre au Maroc est bien antérieur à la romanisation, il le situe dans l’île qui se trouve en face de l’actuelle ville d’Essaouira. Celui-ci remonterait à l’époque maurétanienne, environ quatre siècles avant J.C.

 Néanmoins, nous sommes confrontés à la rareté des vestiges de cette époque.

 Plus tard dans ses chroniques, le grand voyageur, Ibn Hawqal, décrit vers la fin du 10ème siècle, les enceintes urbaines des villes d’Afrique du Nord faites en terre.

 Les modes de construction en pisé et en adobe continuent á être employés à la fin du moyen-âge et l’époque islamique va connaître une utilisation massive de la terre dans toutes les grandes villes fondées.

 A Sijilmassa, cité mythique du début de l’Islam au Maroc, les vestiges des remparts qui subsistent aujourd’hui constituent des masses indistinctes de terre et de cailloutis, disposés en tas rectilignes qui marquent parfaitement le tracé des enceintes.Devant la très riche documentation historique concernant cette ville qui a connu plusieurs siècles de prospérité on peut être surpris par la rareté des mentions archéologiques.

 Cela tient en partie à l’insuffisance des fouilles réalisées à ce jour mais aussi aux conditions de conservations assez précaires du matériau et aux difficultés d’observation voire à l’impossibilité pour l’archéologue, de distinguer un mur de terre des sédiments voisins, qui présentent souvent la même consistance et la même couleur.

 Au-delà des raisons liées à la mauvaise conservation du matériau que constitue la terre, il émerge aujourd’hui l’idée, d’un autre modèle de cité, celui d’une agglomération multipolaire, dont les composantes spatiales se sont reproduites par essaimage. Ce précédent offre un parallèle avec le paysage actuel des ksour du Tafilalet ou de l’Anti-Atlas souvent bordés de villages plus anciens abandonnés aux sables et aux vents.

 Marrakech et la cité voisine d’Aghmat ainsi que toutes les villes impériales du Maroc conservent des vestiges de murailles et monuments en pisé.

 Dans ces villes, la terre a été utilisée abondamment dans les fortifications. Au 14ème siècle, al Umari décrit les murailles de Fès : elles sont de « tabiya », un mélange d’argile, de sable et de chaux, tandis que son contemporain Ibn Khaldoun nous donne une description détaillée qui précise que « l’on peut construire tout en terre, à commencer par les murs ».

 Plus tard, évoquant la ville de Ouargla en Algérie, Jean-Léon l’Africain dit que cette cité extrêmement ancienne a un mur d’enceinte en briques crues.

 La construction en terre est aussi une expression culturelle de populations partageant une région, des traditions locales et un destin communs.

 Cette expression culturelle s’est adaptée aux besoins de ces populations et des structures socio-politiques qui les caractérisent. Elle s’est adaptée également aux changements politiques qui se sont produits au cours de l’histoire. Pendant très longtemps l’utilisation du pisé a été dédiée à la construction de murailles, de forteresses et « ribat-s ». 

 A partir du 19ème siècle, les grandes familles et les personnages mandatés par le pouvoir central pour exercer une souveraineté locale, ont commencé à édifier des kasbahs. 

Ce genre nouveau a lui même influencé l’architecture dans ces régions reculées, notamment au niveau décoratif. Puis vint l’ère du ciment et durant plusieurs décennies la terre fut délaissée au nom de la modernité et au profit de techniques et matériaux dits « nouveaux ». 

 Un temps aujourd’hui heureusement en passe d’être révolu, parce qu’on n’efface pas des siècles d’expérience, car si la terre ne vaut rien, pour construire ici, rien ne vaut la terre.

 A l’heur du retour aux sources et à l’authenticité édictée par le nouveau paradigme rural, le patrimoine bâti en terre revient donc au goût du jour et s’impose comme le produit et l’expression d’une culture collective.

Ministère du Tourisme, de l’Artisanat, du Transport Aérien et de l’Economie Sociale 2019 ©