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Le tissage de la tente (khayma), est l’une des activités des femmes sahariennes. Ce modèle simple de tente est conçu à base de bandes tissées (flijs et mattenba). Ces bandes, une fois assemblées constituent un vélum de différentes dimensions. Il s’agit d’une structure en poils d’animaux, assurant mobilité, protection et vie en campement de groupes nomades.
Le tissage artisanal des tentes est une technique laborieuse qui exige patience et dextérité. Les femmes tisseuses y éprouvent beaucoup de difficultés, puisqu’elles travaillent durement et en équipe afin de produire des petites longueurs seulement de flij à base de poils de chèvres.
Les tisserandes, se déplacent, après la tonte d’été dans des zones souvent isolées et lointaines pour se procurer de grandes quantités de poils/’châar de chèvres et de dromadaires. Après de longues opérations de lavage, de préparations et de purification, cette matière fibreuse en poils est transformée par les femmes tisserandes, à l’aide d’outils de filage tel le fuseau /mghzal, en pelote de fils solides, puis en utilisant un métier à tisser à basses lisses/mensej ou sedoua et selon des règles de travail et d’un savoir-faire maîtrisé, en une œuvre artisanale originale.
Deux éléments essentiels constituent la tente. D’une part, les différentes bandes /flij tissées à base de poils d’animaux et assemblées entre elles grâce à la couture par un fil appelé l-mchel, et d’autre part, l’ensemble de la structure façonnée en bois, servant à soutenir le vélum, dont les mâts centraux /a-rkaiyz, le bâton /amoud, l-bibanes marquant l’entrée principale de la tente, la bande faîtière en poils /hammar, et les piquets /L-wted, assurant la stabilité de la tente /khayma lors de l’installation du campement.
La tente/khayma est l’habitat le plus adapté à l’espace saharien et à la vie des nomades pasteurs, chameliers, qui suivent leurs troupeaux pour leur assurer un bon pâturage et abreuvage. Depuis les chaînes du moyen Atlas, du Haut Atlas, de l’Anti Atlas ou de l’oriental, les groupes de nomades/amazigh ou arabes ont adopté quant à eux, un prototype similaire à celui utilisé dans le Sahara, avec quelques légères variations et différences. Cela est dû, certainement, à la technique de travailler le bois, et de son abondance dans ces zones de montagnes, ainsi que la matière première à base animale qu’est la laine de mouton, recyclée et utilisée dans ces territoires comme matière de base caractérisant leur style et dans les variantes techniques prisées dans plusieurs activités de tissage. Il semble que le premier modèle de la tente/khayma ait été emprunté de la tente arabe provenant de l'Arabie et des pays de l’orient. Certes, ce modèle archétype a subi des changements ayant donné quelques particularités à la tente amazigh/berbère et Saharienne. Il a été retravaillé et amélioré en fonction du type de poils utilisé et de l’habileté artistique des tisserandes sahariennes et amazigh/berbères, qui continuent aujourd’hui de par leur dextérité et perspicacité à produire d’aussi belles pelotes/kobba de poils, de flij et mattenba ornant la porte de la tente/khayma.
La tente saharienne est polygonale, aérodynamique, résistante aux vents violents, mobile et adaptée à l’espace nomade des sahariens. Le vélum de la tente est issu d’une activité féminine, par excellence, assurée par les femmes Sahariennes détentrices des secrets de cette technique pluriséculaire. La pratique de tissage est transmise avec des règles strictement codifiées, léguées de mère en fille, et de générations en générations. Constituant par ce fait d’héritage un patrimoine immatériel considérable endossant des valeurs identitaires pour la population nomade.
La technique de tissage des tentes est encore pratiquée de nos jours, dans les différentes provinces du Sahara marocain, bien qu’elle se trouve menacée d’extinction.