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H’sira Natte en Doum

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H’sira Natte en Doum
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La h’sira est la natte traditionnelle utilisée dans tout le Maghreb comme revêtement des sols des habitats ruraux et qui orne également les planchers et murs des mosquées et des zaouïas.

Elle est réalisée selon des techniques ancestrales vieilles de plus de 1000 ans.

Mais, du fait de l’envahissement des nattes en plastiques, réalisées en série dans des usines situées parfois à l’autre bout du monde, cette tradition est aujourd’hui en train de se perdre, emportant avec elle toute la mémoire et tout le savoir-faire constitué et transmis de génération en génération jusqu’à notre époque.

Aujourd’hui, c’est uniquement dans les campagnes qui gardent encore un ancrage dans l’économie agricole traditionnelle que subsiste une faible activité vannière.

Une production à l’agonie qui s’éteint dans l’indifférence quasi générale, car la conception de ces nattes, a trop longtemps été méprisée par les tenants d’un art citadin «raffiné et imprégné de traditions » importées d'Orient ou encore de l'Espagne musulmane à la différence des arts ruraux considérés comme « primitifs, frustres et de peu d’intérêt sur le plan économique ».

La fabrication de ces nattes recèle pourtant un caractère unique sur le plan technique. Elle est la survivance de la plus ancienne méthode de tissage connue. Seul en Extrême-Orient et au Maroc, le procédé a survécu dans la fabrication de ces nattes en doum fabriquées par les descendants des tribus du Zehroun.

Tout aussi anciens, les motifs polychromes de grosse laine qui ornent ces nattes portent en eux encore beaucoup de mystères : leur origine, leur sens,leurs interprétations qui n’ont pas encore disparu de la mémoire collective,leurs propriétés magiques, leur présence sur un territoire qui englobe tout le Maghreb, autant de raisons d’accorder à ces nattes l’intérêt qu’elles méritent. .

Son usage en terre d’islam remonte aux temps les plus anciens. Si l’on en croit certains traditionnistes, le prophète Muhammad se servait d’une natte pour ses prières quotidiennes, et Malik Ibn Anas qui fonda l’école malikite utilisait également une natte en feuilles de palmier lors de ces prières.

Présente au sol et sur les murs de toutes les mosquées la natte est aussi au Maroc utilisées couramment dans l’habitat rural.C’est l’élément du mobilier le plus rudimentaire, elle est désignée sous le nom de « h’sira » en arabe, ou d’agartīl chez les tribus berbères. Elle est mentionnée par Jean-Léon l’africain qui atteste la présence de nattes pileuses en jonc tressé utilisées chez les Haha, dans la région du Haut Atlas occidental.

En fait plusieurs types de nattes ont été identifiés au Maghreb subactuel, dont deux au Maroc. Il s’agit d’abord de ces nattes de jonc évoquées par Jean-Léon l’africain, très répandues dans les zones côtières et également dans plusieurs centres urbains.Un second type de nattes, tramées de palmier nain cordelé, et décorées de laine était produit chez les Zehroun et dans plusieurs tribus du Moyen Atlas. Elles étaient généralement de dimensions modestes (de 2,5 m sur 1,5 m).

Le tramage à deux torons, qui est la seule technique connue pour fabriquer les nattes en doum, offre un grand intérêt technologique. Il apparaît, en effet, comme la survivance de la plus ancienne technique de tissage connue.

C'est en effet suivant cette méthode de tissage cordelé qu’étaient exécutées les étoffes des palafittes dès l'époque lacustre.La chaîne cependant était libre, comme dans les métiers à poids primitifs.L'emploi d'un crochet et d'une planchette facilitait simplement le travail. En Extrême-Orient comme au Maroc, le procédé a survécu dans la fabrication des nattes.

Le décor géométrique qui caractérise les nattes des Zehroun (et plus généralement des tribus berbères) recèle également un intérêt historique particulier- il est la survivance d'un art qui remonte à la nuit des temps. Le décor rectiligne, en effet, a partout précédé le décor floral à ligne courbe.

La technique du tissage ne semble pas étrangère au maintien de ce géométrisme qui est resté le caractère spécifique de l'art rural.

A la différence de l’art urbain, plus ouvert aux courants étrangers, celui-ci a gardé une apparente « simplicité », une personnalité, propre au tissage et aux arts ruraux hostile aux influences extérieures.

Simplifié à outrance les décors offrent les combinaisons les plus élémentaires de lignes obliques attachées au chevron et au losange. Il se distingue par l'absence totale d'entrelacs si cher à l’art hispano-moresque. La simplicité n'exclut cependant pas la variété des combinaisons et le répertoire décoratif n’est réduit qu'en apparence. Les dessins présentent parfois des détails qui leur donnent un caractère très typique.

Copiant toujours très fidèlement, les femmes, à qui la réalisation des nattes est exclusivement réservée, s’interdisent d’y apporter la moindre touche personnelle, en ajoutant un élément décoratif nouveau ou en changeant une disposition conventionnelle... Le respect des traditions se double ici de l’héritage d’anciennes croyances. Certains motifs ont visiblement des propriétés magiques et le caractère inachevé de l'œuvre, marqué par l’absence de la dernière figure d’une série, est un trait quasi permanent. Car pour conserver la baraka, les tisserandes doivent faire preuve d'humilité. « Seul Dieu est parfait ». Ainsi, de l’ourdissage à la conclusion de l’ouvrage, tout un cérémonial accompagne la réalisation d’un tapis

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